Hamouma a marqué son premier but de la saison. Le Caennais est vraiment un joueur à part. |
Par aurel
[Source: LeMalherbiste.fr]
EDIT: Merci à gouffran14150 pour son excellente contribution à cet article dont il est l'auteur de la première partie et du billet d'introduction.
Souviens-toi l'été dernier
Comme en 2010, le Stade Malherbe n'a pas tergiversé pour enclencher son opération 42 points en vue d'un unique objectif qui reste le maintien. Même s'ils ont gardé les valeurs qui leur ont permis d'emporter leur premier match contre Valenciennes, les Caennais y ont cette fois ajouté la manière, notamment en première mi-temps. Sans fermer le jeu lors du second acte, les coéquipiers d'Alexis Thébaux ont subi les vagues sochaliennes sans rompre, si ce n'est sur un coup de canon de Ryad Boudebouz (90e). Mais grâce à des buts de Romain Hamouma (14e) et Frau (67e), deux purs produits sochaliens, le SM Caen porte déjà son total d'unités à six points en deux matches. Si cette moisson est très prometteuse, elle demande désormais plus que jamais confirmation.
Sochaux est une des équipes françaises qualifiées en coupe d'Europe cette saison (en Ligue Europa) et jouit d'un statut d'équipe difficile à manoeuvrer devant son public qu'elle a acquis lors de la saison passée. On peut donc légitimement s'attendre à voir les Malherbistes timorés à l'heure de démarrer la partie. Mais ceux-ci, s'appuyant sur ce qui a fonctionné lors de l'ouverture face à Valenciennes, à savoir la solidarité de leur bloc défensif, n'affichent aucun complexe. Et tout va très vite d'entrée dans cette partie où l'on sent que les Normands ont envie de retrouver leurs fondamentaux. En l'occurrence, mouvement, disponibilité et efficacité. La première action donne clairement le ton avec une accélération de Romain Hamouma qui cherche le une-deux avec Frau. Malheureusement, la frappe de l'ancien Lavallois rase le montant de Teddy Richert (3e). Les Sochaliens éprouvent les pires difficultés à ressortir le ballon proprement et ne parviennent pas à trouver Privat dans une position favorable. Tout le contraire de Caennais complètement transfigurés. Logiquement la faille est rapidement trouvée par Hamouma. Suite à une récupération virile de Greg Proment, le contre éclair des Normands arrive dans les pieds du milieu offensif qui après avoir dribblé deux défenseurs, trompe Richert d'une frappe croisée (0-1, 14e). Un but qu'on pourrait qualifié de "spéciale Hamouma" tant l'ex-joueur de Besançon affectionne cette position.
A Caen le beau jeu, à Sochaux les incertitudes
Ce but aurait pu avoir le mérite de réveiller les joueurs de Mecha Bazdarevic mais il n'en est rien. A la peine comme très rarement défensivement et subissant le ratissage impeccable des tours de contrôle caennaises, Seube et Proment, les Doubistes ne se révoltent pas dans cette partie où les Caennais déroulent et affichent, contrairement à la semaine dernière, de réelles qualités de jeu, sources d'espoir et de promesse pour les échéances à venir. Si Boudebouz s'essaye à une frappe de loin que Thébaux capte proprement, ce sont les Caennais qui font le jeu et qui se propulsent vers l'avant. L'intenable Hamouma et le virevoltant Bulot donnent le tournis à Perquis et Sauget. C'est d'ailleurs l'ancien Monégasque qui se procurera la dernière opportunité de la première période, la plus belle par ailleurs, en dehors bien sûr du but de Romain Hamouma, sur un centre venu de la droite. Etrangement seul, Bulot reprend impeccablement et surprend Richert mais sa frappe ricoche sur le montant droit du but sochalien. Les Caennais rejoignent les vestiaires avec la satisfaction de mener logiquement au score mais avec le regret de ne pas avoir su doubler la mise. Ce ne sera que partie remise.
Si Caen a globalement mis la patte sur le jeu au cours de la première mi-temps malgré une possession de balle à l'avantage de leurs hôtes, la seconde partie inversera la tendance avec des Sochaliens nettement plus portés vers l'avant. Dès la reprise, les partenaires de Sébastien Roudet se ruent à l'assaut des buts de Thébaux et il faut une parade réflexe de ce dernier pour empêcher une tête à bout portant de Sloan Privat de le tromper. Sur l'action, Roudet réclame un pénalty mais l'arbitre n'accorde rien aux Doubistes et le jeu peut se poursuivre. Le mieux dans le jeu proposé par Sochaux correspond exactement à la montée en puissance de Marvin Martin. Plus présent dans l'entre-jeu, l'international tricolore met notamment Seube (fatalement moins en jambes en seconde période) au supplice à de nombreuses reprises. Sa merveille de frappe enroulée peu avant l'heure de jeu inquiète Thébaux mais n'est cependant pas cadrée. Le manque de précision et de conviction des Sochaliens ne leur permet pas de refaire leur retard au cours de leurs temps forts et c'est logiquement que les Caennais vont enfoncer le clou.
Frau: la 300ème victorieuse!
Manoeuvrant bien leur période de creux, les hommes de Dumas conservent tout au long du match une intelligence de jeu qu'on n'attendait pas si tôt dans leur saison, surtout après la copie moyenne rendue face à Valenciennes. Remplaçant d'un M'Baye Niang encore une fois très prometteur, Kandia Traoré va se muer passeur décisif. Sur un centre de Romain Hamouma dévié par un défenseur adverse, l'attaquant malherbiste remise intelligemment de la tête pour Pierre-Alain Frau. La 300ème en Ligue 1 de l'ancien Sochalien est victorieuse et sa frappe suffisamment déviée pour prendre Richert en défaut et le tromper (0-2, 67ème). Dès lors, on voit mal comment les Sochaliens littéralement abattus vont faire pour refaire leur retard d'autant que Caen surfe sur une vague de confiance. A ce moment là, tandis que Toulouse ne mène contre Dijon que par un but d'avance, les Caennais sont co-leaders du championnat.
La fin de match va être complètement folle avec des occasions de part et d'autre. C'est tout d'abord Sochaux qui va manquer de peu de s'offrir dix dernières minutes d'espoir. Perquis, sur un corner frappé par Martin, voit sa tête heurter la barre transversale d'un Thébaux masqué par l'agitation de sa surface. Entré en jeu à la place d'un Bulot encore une fois très bon, Benjamin Nivet a du jus et s'emmène le ballon vers la surface de réparation. Etrangement pas attaqué, l'ancien Troyen décoche un tir placé qui bat Richert mais qui va heurter un poteau doubiste pour la deuxième fois de la soirée après l'occasion de Bulot en première période.
Thébaux, ce héros
Au final, l'histoire de cette saison caennaise 2011-2012 retiendra que le premier but encaissé au cours de cet exercice aura été l'oeuvre d'un Sochalien. Alors qu'on arrive au bout du temps additionnel, après un cafouillage dans la surface malherbiste, le ballon revient à Ryad Boudebouz qui ne se pose pas de question, frappe en force et trompe un Alexis Thébaux qui aurait mérité de conserver ses cages inviolées tant il se sera montré précieux jusqu'à cet instant. Précieux, il le sera d'ailleurs une dernière fois trente seconde plus tard en réalisant un arrêt de grande classe alors que les Sochaliens sont devenus inarrêtables. Au final, Caen tiendra bon et empochera une nouvelle victoire après celle obtenue aux dépens de Valenciennes en ouverture de championnat.
Nul n'aurait sans doute pu imaginer revoir Caen à pareille fête en début d'exercice après celui réalisé la saison passée. Le SMC trône une fois encore sur les hauteurs de la Ligue 1, aux côtés de Toulouse, St Etienne et Montpellier, au coeur d'un mois d'Août qui leur réussit décidément bien. Comme la saison passée, il faudra se montrer solide jusqu'à la fin de l'été mais contrairement au dernier exercice, il faudra se montrer solide quand viendra l'automne pour s'éviter une copie conforme de l'an passé. Quoi qu'il en soit, et comme le désire Franck Dumas, les Caennais vont profiter et savourer. Leurs débuts ne sont pas ratés, contre Valenciennes la volonté, contre Sochaux la manière. Reste à savoir allier les deux pour renverser les montagnes qui se dresseront face à eux dans les semaines à venir.
Et justement, Caen aura son premier gros choc samedi à d'Ornano à l'occasion de la venue d'un ogre lillois toutefois encore en rodage. Vaincus ce dimanche à domicile par Montpellier, les Lillois peinent à retrouver leur jeu flamboyant. La partie se voudra nécessairement palpitante pour des Caennais libérés. En voici déjà l'adage: "Au champion son prestige et son statut. A Caen sa fougue et sa confiance." On en salive déjà.