Par Mickaël MÉLIGNE
[Source: LeMalherbiste.fr]
Contrairement aux folles nuits parisiennes, le spectacle à Duvauchelle a commencé très tôt. A peine le temps de prendre place en Tribune Sud et de finir d'installer les banderoles que les supporters Caennais assistent juste devant leur yeux à la première occasion cristollienne. Ils peuvent suivre dès la 2e minute, la trajectoire du ballon venir frapper le poteau de Vincent Planté. Premier coup de chance ? Non ! Rui Pataca, l'homme en forme de l'US Créteil (5 buts en 6 matches) est entré, à l'image de ses coéquipiers, parfaitement dans la partie et suit l'action de près.
En renard des surfaces, l'ex-Montpellierain profite de l'apathie des défenseurs normands restés spectateurs et n'a plus qu'à pousser le cuir dans les buts abandonnés (2e, 1-0).
Dure entrée en matière pour la horde rouge et bleue, alors que les conditions étaient réunies pour passer une belle soirée : temps magnifique, pelouse parfaite, un adversaire en difficulté. Malgré un dernier déplacement à Ajaccio qui a permis de rectifier la longue série de deux buts encaissés par match et des débuts de rencontres pénibles, les mauvaises habitudes reviennent au galop. Cueillis à froid, les Malherbistes ne s'affolent pas plus que ça et lancent doucettement la machine en faisant tourner le ballon.
Devant une équipe quadrillant bien le terrain, les Caennais n'arrivent pas à trouver les solutions pour créer des décalages ou pour mettre un joueur offensif dans de bonnes dispositions. Le temps s'écoule et le compteur des actions dangereuses normandes ne décolle pas.
Créteil, qui ne pouvait pas rêver meilleure entame, continue de faire son pressing. Surmotivés pour ne pas descendre en National, leur envie est payée pour la seconde fois de la soirée.
A seulement 23 minutes de jeu, Pataca encore lui se joue de Nico Seube et centre à ras-de-terre pour Kenniche (23e, 2-0). Caen tend la deuxième joue et commence à rougir. Deux fautes de placement consécutives mettent les joueurs de Dumas dans de sales draps. Vexés, les Malherbistes sortent de leur torpeur. La moteur est arrivé enfin à température, le rythme s'accélère. Lemaître titularisé sur l'aile, au côté d'un Florentin estampillé "électron libre", provoque dans son couloir.
Après un bon travail, il adresse un centre milimétré qui atterri sur le crâne du jeune Toudic pour la réduction du score (25e, 2-1). Caen était même à deux doigts d'arracher l'égalisation. La tête d'Hengbart à la réception d'un centre de Deroin manque d'un rien le cadre.
Le moral remonte quelque peu. On pense alors regagner les vestiaires avec le moindre mal pour recadrer tranquillement les choses, mais c'est sans compter sur l'état d'esprit cristollien. Sur un long ballon anodin, Traoré négocie mal son un contre un et commet une mauvaise faute à 20 mètres en face du but de Planté. Faute qui lui vaut le premier carton jaune distribué.
Loja s'exécute et transforme l'essai directement, devant un portier normand qui passe une bien sale soirée (43e, 3-1). C'est la stupeur côté supporters, bien peu auraient imaginé une telle première période chez le 18ème au classement. On peut même affirmer que Caen a réalisé sa plus mauvaise mi-temps de la saison. Dommage, ça ne tombe pas vraiment au bon moment...
Il est légitime alors de penser que la seconde période sera d'une toute autre facture. Dos au mur, les joueurs caennais ont pris du super et mettent deux fois plus d'envie et d'efforts pour tenter de revenir dans la partie. La possession se déséquilibre complètement à l'avantage des visiteurs. Cela ne suffit pas, Créteil tient bon et brident au maximum les espaces et solutions possibles.
Lemaître veut forcer la décision et sur une autre percée, il décale Gouffran dans la surface qui trompe d'un tir croisé Trivino (65e, 3-2). Les forces retrouvées, Caen monte en puissance au fil des minutes. L'engagement est bon, mais jugé trop limite pour Monsieur Coué arbitre de Ligue 1 (ah bon?) du soir. Sur une faute pas vraiment méchante,
il renvoie le pauvre Traoré aux vestiaires à la 67eme minute. Mais ça ne s'arrête pas là. Lui aussi veut participer au feu d'artifice et allume également une mèche. Deroin se mue en défenseur pour avorter une action cristollienne. Il tacle sévèrement à la limite de la surface, mais Monsieur Coué désigne avec surprise le point de penalty.
Après tant d'efforts, la pilule a dû mal à passer (75e, 4-2). Tellement mal, qu'elle reste même coincée dans la gorge de Titi, qui a le droit de rejoindre son pote Traoré, sur rouge direct !
Autant dire qu'en double infériorité et avec un handicap de deux unités à 25 minutes de la fin, l'affaire est presque classée. Dumas fait entrer Raineau et Valéro. Les Caennais évoluent désormais en 3-3-2. Créteil paie ses efforts et se laisse endormir par les Malherbistes.
Caen ne peut que balancer les ballons ; sur l'un d'eux, Valéro se sert de son physique pour contrôler et maîtriser sa conduite de balle qui aboutit à un décalage vers Toudic pour la réplique du second but (89e, 4-3). L'honneur, s'il en était question, est sauf. L'attaque affaiblie a essayé de compenser la défense "label emmental" ce soir. L'équipe qui produit le plus beau jeu de Ligue 2 semble aujourd'hui une appellation d'origine qui n'est plus contrôlée, depuis la réception de Strasbourg du moins. Le code d'entrée à la soirée Duvauchelle aurait très bien pu être "Défense interdite". Il faudra choisir un autre thème à l'avenir !
C'est donc un deuxième revers consécutif essuyé par le Stade Malherbe Caen. Dans l'emballage final, la tension se fait de plus en plus sentir. Les poursuivants se frottent les mains, et les jokers diminuent à la vitesse grand V. Historiquement, Créteil n'est pas une équipe qui nous réussit. La saison dernière, Caen avait abdiqué 3-2 et au retour la victoire 3-1 n'avait pas suffit pour obtenir le 3eme strapontin pour la Ligue 1. On se rappelle toutefois, la saison de la montée, Caen avait chuté à domicile contre cette même équipe dans la dernière ligne droite. Cela ne nous avait pas empêcher de monter... espérons que l'histoire se répétera.