Boucansaud, Planté et Gouffran ont notamment fait le spectacle à l'occasion de la reprise. |
Par aurel
[Source: LeMalherbiste.fr]
Résumé :
Première journée de Ligue 1 et déplacement chez les Girondins de Bordeaux dont on dit qu’ils seront les dignes successeurs du septuple champion de France, Lyon : loin d’être un cadeau pour le Stade Malherbe. D’autant que l’équipe coachée par Franck Dumas compte dans ses rangs une panoplie de blessés à faire pâlir plus d’un entraîneur. Leca, Barzola, Compan, Svensson ou encore Thiam manquent en effet à l’appel. La marge de manœuvre est donc limitée pour le manager et composer un onze compétitif s’avère être un redoutable défi pour aborder ce début de saison. Ainsi, au rang des non-attendus dans l’équipe de départ, on retrouve en premier lieu le numéro 13, Florian Boucansaud. Très critiqué au cours des matches de préparation, l’ancien troyen sait d’entrée qu’il n’aura aucun droit à l’erreur aux côtés de Sorbon en défense centrale. De son côté, alors qu’il était attendu sur le côté droit, Anthony Deroin a finalement été placé dans l’axe du milieu de terrain pour mener le jeu avec son compère Nivet, poussant ainsi Youssef Adnane à droite, un poste qui n’était pas censé lui revenir, lui qui évolue normalement en pointe de l’attaque occupée ce soir par Savidan.
Le soleil est au rendez-vous ce soir sur la Gironde, le mercure grimpe dans les thermomètres et il flotte dans l’air un parfum de reprise. Dans des conditions de jeu quasi parfaites, les Girondins de Bordeaux favoris pour le titre reçoivent le Stade Malherbe de Caen pour un match à première vue déséquilibré. Sur le coup de 21H, ce sont très exactement 29002 personnes qui se pressent au parc Lescure, au Stade Chaban-Delmas parmi lesquelles quelques 400 supporters malherbistes en déplacement, un excellent chiffre par ailleurs. La première journée est toujours excitante, les incertitudes planent, les interrogations s’emparent des supporters : quel visage afficheront leurs joueurs pour la saison à venir ? Pour le Stade Malherbe de Caen, on attend tout simplement un maintien parmi l’élite et la perspective d’obtenir ne serait-ce qu’un match nul en Aquitaine ravi les cœurs normands. Mal en point lors de leur dernier match amical, les joueurs caennais ont également à prouver que leur défaite face à Lorient (1-3) n’était due qu’à une lassitude de la phase de préparation…
Cette saison, Bordeaux compte dans ses rangs les jeunes Gourcuff et l’ancien Caennais Yoan Gouffran pour aller à l’assaut du titre. D’entrée de jeu, les locaux tentent de prendre le jeu à leur compte : la perspective de vite marquer pour tuer le match semble avoir été le mot d’ordre de leur entraîneur Laurent Blanc. Possesseurs du ballon, dominateurs territorialement, les joueurs au scapulaire mènent de nombreuses offensives en début de partie et première constatation : les Caennais ont choisi de rester repliés pour agir en contre. Malgré quelques hésitations, notamment défensives, la tactique semble être la bonne face à un vainqueur du Trophée des Champions affûté comme jamais. La première occasion bordelaise intervient à l’occasion du premier corner de la partie dont Vincent Planté sortira quelque peu sonné. Dans l’action et dans sa tentative de boxer le ballon, le portier caennais se heurte au coude ferme d’Alou Diarra. Il se relèvera finalement peu de temps après.
Le match s’accélère par la suite et il y a sur la pelouse, un homme que l’on voit partout : Yoan Gouffran. L’ancien chouchou de D’Ornano est bien en jambe et on lit dans ses courses une redoutable envie de marquer face à ses anciens coéquipiers, ne serait-ce que pour gagner des galons auprès de son nouveau public ou pour prouver à tous qu’il a fait un excellent choix de carrière en rejoignant les Girondins. Après dix minutes, il se procure ainsi la première occasion dans le jeu sur une reprise bien captée par Planté. Le jeu est dur, les Caennais se battent et les duels sont âpres. Avec des gabarits moins imposants que ceux de leurs adversaires, les Normands ont clairement l’intention de se battre. Et leur bonne volonté va payer. A la surprise générale, c’est Caen qui ouvre la marque. Savidan, décalé sur le côté droit s’empare du ballon et élimine brillamment Diawara sur son contrôle orienté. Le contre est fulgurant, l’ancien valenciennois est parti et ne sera pas rattrapé. Arrivé dans la surface de réparation bordelaise, il lève la tête et centre instantanément. A la lutte avec un défenseur girondin, Benjamin Nivet se jette au point de Pénalty et crucifie Ramé du bout du pied. Le parcage malherbiste exulte, (0-1, 13ème).
C’est un véritable coup de massue pour les supporters girondins. Leur équipe encaisse un but sur un contre assassin et une superbe action menée par Steve Savidan. Si les Caennais sont jusqu’alors dominés, ce but vient néanmoins récompenser une combativité exemplaire. Une combativité qui se démarque très nettement de la confusion girondine. Sur une action anodine, Diawara et Ramé ne s’entendent pas et Steve Savidan, en rodeur, s’empare du cuir, efface le portier girondin mais trop excentré ne parvient pas à cadrer. Son ballon longe la ligne de but sans rentrer et s’en va mourir plus loin. La chance caennaise de tuer le match est visiblement passée.
Bordeaux, mené par Gouffran et Wendel repart à l’assaut des cages de Vincent Planté. S’il est de notoriété publique que les Girondins sont de vrais dangers sur coup de pied arrêté, leur faculté à provoquer coup-franc et corners est tout simplement étonnante. A raison d’environ un coup-franc toutes les deux minutes, les locaux pilonnent les cages de leur assaillant normand mais la maison calvadosienne tient bon. Elle fait même mieux que tenir puisqu’elle reprend peu à peu le contrôle du ballon au milieu de terrain et les efforts de Deroin et Nivet sont notables. Savidan, précieux sur le devant de l’attaque, est à deux doigts de doubler la mise mais son tir puissant passe d’un rien à côté. L’arrière-garde des Aquitains est peu confiante depuis l’ouverture du score, c’est un fait.
Devant, la révolte est lancée et Bordeaux pousse fort. C’est le siège dans le camp caennais, Diarra de la tête sur deux corners consécutifs est à deux doigt de tromper un Vincent Planté très vigilant ce soir. Le vrai danger vient en réalité du brésilien Wendel et de ses coups de pied à la « Juninho ». Chacun de ses coup-francs est une grande menace pour l’équipe normande et Planté en capte un très bien tiré malgré un rebond sur la ligne des six mètres à la 35ème minute. Bordeaux attaque, Bordeaux est favori mais Bordeaux ne marque pas et surtout, est mené au score. L’impatience guette, et le match devient de plus en plus tendu.
Les moins bénéficiaires dans cette histoire sont les Caennais qui compteront trois cartons jaunes à l’issu de la première mi-temps (Proment, Nivet et Eluchans). Cependant, le début de soirée cauchemardesque des Bordelais continue. Sur une action, Chamakh si bon face à Lyon, se blesse et réclame la faute. L’arbitre ne bronche pas et l’attaquant marocain est excédé. Il s’en prend à l’arbitre et le bouscule même pour exprimer son mécontentement. Sanctionné (seulement) d’un jaune, il ne reviendra toutefois pas dans la partie, remplacé par Cavenaghi peu avant la pause. Une avant mi-temps d’ailleurs très agitée. Sur une tentative lointaine, Proment frappe fort et touche un joueur bordelais. Pour les locaux, c’est une réelle agression de l’ancien messin et c’en est trop. Le match déjà tendu tourne à la bagarre et Monsieur Kalt, l’arbitre, bien qu’un peu lent sur cet évènement, parvient à calmer les joueurs. Les Caennais rentrent donc au vestiaire avec un but d’avance : ils sont alors leaders du championnat.
A la reprise, quelque chose a changé. L’équipe de Bordeaux que l’on voyait bien supérieure à l’équipe de Caen parvient à encore accélérer. Cette mutation est due en fait à un homme : Yoann Gourcuff. Discret lors de la première mi-temps, il ne s’est fait réellement remarquer que par une chute dans la surface caennaise, justement non sifflée. L’ancien milanais n’entend pas perdre d’entrée et mène le jeu girondin. En dépit d’une superbe action initiée par l’inévitable Savidan et conclue par une tête non –cadrée de Deroin, Bordeaux reprend sa large domination territoriale. Gourcuff est présent et il va transformer sa vivacité en but. Accélérant côté gauche, Wendel s’infiltre grâce à quelques dribles, et passe en retrait à Gourcuff. La rapidité de l’action est extrême, Sorbon et Boucansaud sont trop en retard : l’égalisation est là. Yoann Gourcuff ne se pose aucune question et frappe fort. Une frappe heureuse puisque déviée par le corps de Sorbon : le ballon change de direction et part violemment en lucarne. Planté, pris à contre-pied s’incline pour la première fois cette saison (1-1, 54ème).
Dès lors, devant un public en délire, les Girondins retrouvent des couleurs et l’efficacité offensive qui va avec. Dumas procède à son premier changement et renvoie sur la touche un Youssef Adnane transparent (mais pas à son poste) pour faire entrer Nicolas Florentin côté gauche. La réorganisation tactique envoie ainsi un Eluchans relativement éprouvé sur le côté droit. L’entrée de l’ancien troyen est insuffisante pour stopper la furia girondine, Gouffran veut prendre part à la fête avant sa sortie (pour une entrée de Bellion) mais sa frappe s’envole sur une nouvelle action dangereuse. Caen, malgré ce retour au score, ne se désorganise pas et n’a pas enterré sa volonté. Steve Savidan est à la réception d’un centre enroulé de Florentin mais sa reprise de volée puissante passe d’un rien à côté. Le suspense est insoutenable, d’autant que les Caennais semblent reprendre un peu de couleurs devant des Girondins de plus en plus éprouvés. Sur un coup-franc, Nicolas Florentin trouve le petit filet extérieur d’Ulrich Ramé. Le public de Chaban-Delmas retient son souffle et ce n’est pas fini. Bien lancé dans la profondeur, Juan Eduardo Eluchans se retrouve seul devant Ramé. L’Argentin le crochète et s’ouvre la voie du but. Il n’a plus qu’à frapper mais les retours de Planus et Diawara le déstabilisent : il manque le cadre d’un rien.
Caen a affiché des qualités louables. Un nul aurait sans doute été plus juste pour récompenser les efforts des Normands mais la réussite bordelaise sur coups de pieds arrêtés est sans pitié. Obtenant un coup-franc excentré sur la gauche, Gourcuff le frappe parfaitement. Le cuir effleure le crâne de ce diable de Cavenaghi et se retrouve dévié d’un rien, suffisamment cependant pour tromper un Vincent Planté pourtant parti du bon côté (2-1, 78ème). Gourcuff aura été énorme, passeur et buteur ce soir, il semble être le chef d’orchestre idéal pour mener son nouveau club très loin. Caen l’a appris à ses dépends. Touchés moralement, les Bas-Normands accuseront le coup en fin de match mais tiendront bon, notamment grâce à la vigilance du très bon Planté sur un coup-franc de Wendel et une frappe de Diarra. La première journée de cette nouvelle Ligue 1 s’achève donc sur une victoire bordelaise et sur une défaite caennaise.
Une défaite qui ne doit en rien entamer le moral des supporters, c’est tout à fait clair. Caen a prouvé que le match amical contre Lorient n’était qu’un accident de parcours, l’équipe de Dumas a accroché la grande équipe bordelaise et il faudra énormément de courage à toutes les autres formations qui devront s’y frotter. Autant se le dire, ce cadeau empoisonné est passé : tant mieux. Au rang des satisfactions de la soirée, nous saluerons les performances de trois joueurs. En premier lieu, Vincent Planté qui s’est montré impérial et sécurisant. Il ne pouvait rien sur les deux buts girondins. En second lieu, saluons l’excellent premier match de Steve Savidan sous ses nouvelles couleurs. Une passe décisive et de nombreuses frappes dangereuses : Savigol a pesé et ne devrait somme toute pas tarder à ouvrir son compteur en Ligue 1. Pour finir, c’est la surprise de la soirée, grande performance de…Florian Boucansaud. Très peu utilisé la saison passée, le numéro 13 caennais très critiqué ces derniers temps était l’un des meilleurs hommes sur la pelouse. Malgré quelques minutes pour se mettre en jambe, l’ancien troyen a répondu physiquement présent et a de nombreuses fois soulagé sa défense. Suffisant pour postuler au groupe toute la saison ? Peut-être pas mais Dumas sait à présent à quoi s’en tenir. On n’est jamais à l’abri d’une surprise avec nos Caennais, n’en témoignent les maillots grenats qu’ils arboraient ce soir et que personne n’attendait…
Du jeu, de l’envie et de l’abnégation, le Stade Malherbe de Caen a un visage séduisant. Il faut juste rappeler que l’adversaire s’appelait Bordeaux et qu’il devrait faire de nombreux ravage sur sa route dans les mois à venir. Samedi, Caen aura l’occasion d’ouvrir son compteur points face à Valenciennes. Ce sera le temps des retrouvailles pour Steve Savidan. En attendant la suite du championnat, Caen se classe 14ème dans une Ligue 1 dominée par Lyon vainqueur de Toulouse juste devant son voisin…Grenoble. Quand on parle de surprises…